Rendons hommage à Techcrunch.com, même s’il m’arrive d’être irrité par certains de ses billets il arrive souvent qu’ils suscitent des discussions et des échanges dont la qualité dépasse la polémique. S’il vous faut lire un dernier billet avant Noël ce sera celui-ci, consacré à l’acquisition manquée de Facebook par Yahoo!. Remarqué via une note très pertinente de Media 2.0 cet article publie un document étonnant, le coeur du business plan de Yahoo en prévision du rachat de Facebook. Une feuille excel qui révèle la possible justification d’un deal à 1,6 milliards de dollars. Deal manqué pour le moment, mais qui révèle l’ampleur de l’enflure qui accompagne les projections de croissance de la bulle 2.0.
En clair comment établir un plan de ROI à partir des revenus publicitaires sur une plateforme communautaire à la Myspace quand l’étiquette qui pendouille affiche 1,6 milliards? C’est finalement assez simple: on projette d’enregistrer 60% de la population estudiantine (Facebook, comme Myspace cible les étudiants et les jeunes adultes) d’ici 2010 à 2015, on affirme que 92% de ces nouveaux utilisateurs seront « actifs » et cracheront près de 1000 pages vues. On triture et on obtient plus de 270 milliards de pages vues (oui!) et on fait passer le CPM moyen de 0,25 $ en 2005 à plus de 5 $ en 2015.
Comme le note Julien sur Media 2.0 cela equivaut au passage à attribuer un CPM de media d’information à un site communautaire dont on découvre qu’il n’a jamais dépassé les 0,5 $ de CPM jusqu’à présent. Tout ça sans bien sûr ne jamais faiblir face à la concurrence. Bref nous sommes au coeur de la question de la bulle 2.0 qui n’est plus une question de bourse mais de valorisation du visiteur unique. Le tout nourrit par des prévisions de croissance stratosphériques sur 10 ans. Même Gartner n’ose plus…
Maintenant lisez les commentaires très argumentés, pour la plupart attérés par de telles projections sans oublier celui de cet annonceur de Myspace de Facebook qui témoigne des performances désastreuses de la publicité sur ces sites de réseaux sociaux. Comment dans ces conditions prétendre séduire le gratin des annonceurs et espérer un CPM multiplié par 10 dans un écosystème qui génèrera une infinité de concurrents. C’est bien la question qu’on se pose…
Je n’avais pas vu le document sous cet angle. C’est très juste! merci
L’article de Techcrunch ne développe pas l’analyse dans ce sens mais c’est là que les commentaires sont assez clairs …
Tout simplement magistral. A quand un « le web 2.0 pour les nuls », où comment monter un business model [http://www.lexpansion.com/EMR/4397.34.152049.html] ?
J’adore cette démonstration du multiplicateur de Keynes adaptée à la sauce 2.0.
Le seul problème est que le système fonctionne, d’où bulle 2.0 potentielle. La logique de Facebook et Myspace, entièrement communautaire, participe de ces modèles dont le succès est croissant, ET a tendance a se développer sur un mode quasi-exponentiel.
Il ne faudrait pas que quelques sociétés fassent basculer cette nouvelle économie. A suivre donc.
Justifier une augmentation de l’EBITDA de 9 à 77 MUSD en un an (et je ne parle que de 2007), voilà une prouesse qui réclame plus que quelques multiplications de CPM… Décidemment Excel peut-etre une arme redoutable !
Je ne vous le fais pas dire… D’ailleurs j’ai lu quelque chose d’assez similaire concernant Myspace: des prévisions de revenus de 50 M$ en 2007 puis 250 M$ en 2008 … Evidemment personne n’ayant les vrais chiffres on ne peut vérifier
Studivz, le FaceBook allemand, vient d’être vendu pour 85 millions de dollars, d’après la dernière mise à jour de GigaOM. [http://gigaom.com/2007/01/03/studivz/]
EMini Blog [http://freddymini.blogspot.com/2007/01/un-clone-132-lutilisateur.html] qui n’avait pas les chiffres définitifs pose une intéressante synthèse sur la valorisation de ces services collaboratifs (j’ai mis leurs chiffres et ordre de valeur entre parenthèses):
« 1. on peut être un clône et bien se vendre. Voir même plus vite que l’original!
2. Facebook a surement raison de continuer à chercher le $1B mark…
3. cela met l’utilisateur d’un site de networking social en Allemagne à « $85 » (précédemment « $132 ») l’unité, soit « autant que » (précédemment « deux fois ») les valeurs payées pour un utilisateur de video aux US… »
Je n’ai pas encore lu le document don vous parlez, mais il a l’air très « intéressant », et le 92% d’utilisateurs actifs a l’air effectivement un peu.. choquant… bizarre.
Cependant il ne faudrait pas non plus oublier que d’après les derniers chiffres, outre-atlantique, les réseaux sociaux représentent un peu plus de 6% du traffic des sites e-commerce d’après Oppenheimer.. ce qui est assez « huge ».
(MySpace représenterait 10% des requêtes Google)
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