Où l’on reparle de Mediamétrie et Nielsen

Donc on en reparle, le patatage entre concurrents est malheureusement un phénomène cyclique qui dure depuis des années mais, c’est nouveau, la crise échauffant les esprits la presse s’en préoccupe. C’est bien dommage, le marché a plutôt besoin de sang froid en ce moment à mon avis mais, comme chacun sait, quand il faut purger mieux vaut y aller de bon coeur. Au menu les querelles des mesures d’audience du Monde.fr et du Figaro.fr au coeur de plusieurs articles, celui du Monde d’abord inspiré de celui d’Electronlibre (et la suite ici avec des commentaires bien informés) et enfin la  synthèse de Rue89.

Les lecteurs de ce blog ont pu lire de nombreux articles sur ce sujet sensible. Il se trouve que je participe depuis plusieurs années aux travaux autour des mesures  de Mediamétrie/Netratings comme client et comme représentant du Geste c’est à dire des éditeurs de presse en ligne. En parallèle je participais aussi aux travaux de l’OJD. Pour être bien clair, je ne suis pas neutre dans ce débat et proche des différents acteurs cités. Au cours de ces années je crois bien avoir vu de près la plus belle collection de tripatouillages qu’on puisse imaginer en matière de manipulation d’audience (de la part de certains sites sans que Mediamétrie ne soit en cause), pourtant, c’est paradoxal, la situation me semblait plutôt apaisée . Je veux dire que chacun a eu le temps de prendre la mesure de l’aspect très technique de ces questions ce qui contribuait à rendre moins violentes les polémiques. L’autorégulation se met en place. Devenu public ce débat donne lieu à pas mal de fantasmes auxquels il convient de répondre.

Pourquoi les mesures d’audience de Mediamétrie/Netratings diffèrent-elles de l’OJD? L’OJD ne mesure pas des « audiences » mais certifie les mesures de trafic réalisées sur les sites (site centric). On y parle donc de visites, de volumétrie. Mediamétrie mesure des audiences à partir d’un panel d’internautes (user centric), on y parle de visiteurs uniques, de parts de marché. Si vous visitez un site deux fois dans la journée à partir de deux PC différents l’OJD vous comptera deux fois, Mediamétrie essayera de vous compter une fois. L’OJD prendra en compte le trafic du monde entier, Mediamétrie uniquement en France. Conclusion : ces deux types de mesures ne peuvent donc pas être comparées.

Pourquoi utiliser Nielsen ou Mediamétrie/Netratings? Parce que les régies publicitaires, les annonceurs et les acteurs en charge du media planning ont besoin de connaître les « audiences » des sites pour la pertinence du ciblage publicitaire. La proportion d’hommes et de femmes, les revenus des ménages, les CSP ne peuvent pas être fournies par l’OJD ou les mesures dites « site centric ». Calculer la meilleure affinité d’un type d’audience avec un site est une donnée fondamentale pour les campagnes.

Ben où est le problème alors? Ben on ne peut jamais connaître avec certitude le nombre de lecteurs d’un site. Rien que ça…

La fraude existe-t-elle? Oui, quand certaines techniques permettent de modifier la proportion de panélistes lecteurs d’un site. En extrapolant la mesure d’audience d’un site à partir à partir d’une fraction de panélistes toute variation du nombre de panélistes fera varier la mesure de l’audience totale de façon disproportionnée (100 panelistes de plus sur votre site vaudront comme 10 000 visiteurs uniques supplémentaires, par exemple) . Tout est là. Attirer 100 panélistes sur votre site aura donc le même effet que 10 000 lecteurs côté OJD. Sauf que ça coute moins cher et que rien ne dit que les 10 000 lecteurs supplémentaires  contiennent des panélistes… Ce qui explique pourquoi vous pouvez voir votre trafic en hausse côté OJD et en baisse côté Nielsen et inversement. Comme les régies publicitaires ont avant tout l’oeil sur Mediamétrie c’est là que la « créativité » prend tout son intérêt.

C’est quoi ces histoires de jeux concours? L’astuce est simple. Mediamétrie doit constamment renouveler son panel en le recrutant sur Internet. Elle a commis l’erreur d’en recruter aussi via des sociétés spécialisées dans le marketing direct et les jeux concours (dont l’objet est essentiellement de constituer des bases de profils). C’est aussi une population qui répond positivement aux sollicitations par email. Certaines sociétés de jeux concours contiennent donc une proportion accrue de panélistes, lesquels sont en plus particulièrement réactifs aux sollicitations marketing. En clair des gus qui se gavent de concours à longueur de journées. Certaines de ces sociétés ont compris le truc et démarchent directement les sites en mal de dopage. Suffit d’héberger les pages du concours et pour améliorer le rendement il suffit d’obliger à cliquer sur des liens ou bannières afin de valider les réponses au concours (quand je dis que les gars du porno ont tout inventé…).

Alors pourquoi certains disent que les jeux concours ca rapporte « peanuts » côté trafic? Parce que côté OJD 1000 gus qui répondent « Michel Sardou » pour gagner un appareil photo numérique et bien ça fait 1000 visites, donc peanuts. Sauf que ça peut faire 100 000 VU côté Nielsen qui comptent finalement en parts de marché.

Que fait la police? Ce n’est pas illégal. Pas mal de jeux concours permettent aussi de recruter réellement des utilisateurs, des abonnés, des lecteurs ou simplement animer un site. C’est un outil de prospection légitime simplement l’usage peut en être détourné. Au passage je remarque que certains critiquent l’achat de mots clés comme technique de fraude. Non c’est une technique légitime pour recruter de nouveaux lecteurs il n’y a pas de raison de s’en priver, le budget est la seule limite ainsi que le retour sur investissement parfois hasardeux (non je ne vise personne).

Pourquoi Mediamétrie ne fait rien? Mediamétrie protège avant tout l’intégrité de ses méthodes de calcul, les règles definissant le périmètre d’une marque, d’un site, la définition des infractions éventuelles doit faire l’objet d’un consensus de ses souscripteurs. Voilà pourquoi on retrouve autour d’une table: les régies, les associations des annonceurs et des éditeurs, bref les clients. Les règles évoluent mais chaque modification peut avoir des conséquences insoupçonnées. En vérité un gros travail a été fait par Mediamétrie pour maintenir le principe d’une autorégulation malgré les querelles incessantes. La pratique des sites under a ainsi pu être régulée correctement (intéressant tout de même de savoir qui en abusait à l’époque, mais je ne vise personne, ah si en fait).

La confusion du périmètre des marques? C’est un point clé pour comprendre une partie des querelles de chiffres. Beaucoup jugent évident de penser que quand on parle de « l’audience » online du Figaro ou du Monde il s’agit du trafic du Figaro.fr et Lemonde.fr. La plupart des journalistes des rubriques medias, de bonne foi, ont ainsi été roulés dans la farine par des communiqués de presse ambigus. En réalité il s’agit de l’audience des « marques » (ou Brand dans la terminologie Nielsen). Toute la question est de définir le périmètre de cette marque, c’est à dire en y incluant sous-domaines, pages co-brandée avec des partenaires etc… C’est ce qui explique par exemple l’évolution de l’audience de l’Express en décembre qui intègre désormais celles de l’Expansion et L’Entreprise, par le choix commercial assumé de ses éditeurs (les critiques oublient d’ailleurs de noter que pendant des années le Nouvelobs.com a aussi regroupé plusieurs marques)

C’est nouveau comme astuce? Et bien non, ce n’est rien d’autre que la variante internet de la stratégie consistant par exemple à vous livrer un supplément magazine papier dans votre journal du week end.  Les plus grands tirages de la presse TV doivent leur « audience » à ce mode de distribution. Pas méchant si c’est transparent pour les annonceurs.

Alors on fait quoi? Je ne vais quand même pas vous le dire ici alors qu’on doit en causer dans quelques jours…
Le paradoxe de cette polémique récente c’est qu’elle survient alors qu’un grand nettoyage a justement été entrepris par Mediamétrie en accord avec ses clients à l’occasion de la mise en place du nouveau panel, en particulier autour de la définition des marques. Ainsi la notion de « réseau de marque » (Brand Network) a disparu des classements Nielsen, ils permettaient d’agréger des audiences de différentes marques afin de constituer un package commercial plus visible. Toutefois la notion de cobranding (sites ou pages comportant deux marques) est désormais au coeur de la question en permettant de fusionner des audiences de sites différents. Le cobranding est par ailleurs tout à fait légitime quand il s’agit d’intéger un service d’un partenaire ou isoler un environnement thématique (tiens, Eco89 et Rue89 par exemple ou E24 et 20minutes.fr). Pas simple d’interdire ou de fixer des règles strictes. C’est tout le point des prochaines discussions.

J’essayerai dans un prochain billet d’expliquer pourquoi ce débat est malheurusement très contre productif et pourquoi il est important de revenir à une stratégie de construction d’audience cohérente, propre à tout media soucieux de sa marque (bien résumé ici par P. Jannet). Aussi parce que tout ceci n’aurait pas eu lieu si la course au trafic à tout prix n’avait été la réponse insensée à la chute des CPM et des revenus publicitaires. On récolte aussi ce qu’on mérite…

Publicité

24 réflexions sur “Où l’on reparle de Mediamétrie et Nielsen

  1. « le site de mesure de trafic Alexa.com, accessibles à tous les internautes, donnent des résultats diamétralement opposés à ceux de Médiamétrie. »

    Issu de l’article du Monde… si en plus on remet Alexa sur la table 🙂

  2. Oui, il y a encore des gens qui citent Alexa alors que cet outil n’a jamais eu la moindre fiabilité ni de près ni de loin. Google Trends est largement plus fiable dans la mesure où la plupart des sites recoivent 60% ou plus de trafic de Google (celui-ci est donc en mesure d’apprécier les tendances). Ca ne change rien à la polémique de toute façon.

  3. Et le temps de visite dans tout ça ? Bien sûr, les moyennes de chaque site sont faussées par les « visiteurs-zappeurs » et par les « visiteurs-dormeurs » (qui laissent une fenêtre ouverte en arrière plan pendant des heures) mais si l’on prenait d’avantage en compte que le nombre de visiteurs ou de visites qui restent entre 20 secondes et 2 heures (par exemple — durées à définir précisément selon des critères étudiés) sur une même période, ne serait-ce pas une méthode de comparaison un peu moins trompeuse ? Mieux que le volume de visites ou de visiteurs, on aurait ainsi un aperçu du nombre de lecteurs, c’est à dire ceux qui sont le plus en clin à consommer la publicité (donnée qui devrait être intéressante pour les annonceurs, à qui s’adressent en priorité les chiffres d’audience).
    Bien entendu, cela n’enlève rien aux histoires de chiffres groupés Vs. chiffres de sites isolés mais je pense que ce pourrait déjà être très utile pour tout le monde.

  4. Précisions sur mon précédent commentaire : je connais bien moins la réalité des chiffres et du terrain que vous, mais j’imagine que les annonceurs doivent être confrontés à un gros différentiel entre les chiffres d’audience annoncés (et les tarifs d’achat d’espace qui vont avec) et leurs retours sur investissement, par rapport à d’autres média. Par exemple, j’imagine qu’une campagne diffusée dans un journal imprimé à n exemplaires par mois rapporte probablement plus de retour sur investissement à un annonceur que si elle avait été diffusée sur un site ou un groupe de sites de même contenu qui annonce pourtant n x 10 visiteurs mensuels, ce qui entraine immanquablement la baisse d’un CPM probablement sur évalué à l’origine (je balance des ratios au doigt mouillé, juste pour illustrer mon exemple). D’où l’intérêt, de mon point de vue de simple observateur, de différencier le mieux possible simples visiteurs/visites et lecteurs/lectures, pour ce qui concerne les sites web. Ces chiffres là seraient sans doutes plus réaliste par rapport au ROI des annonceurs.

    Toujours par rapport, à mon précédent commentaire, trop rapidement écrit, je précise que j’entendais par « visiteurs-zappeurs », les visiteurs arrivés par un lien externe, qui ne restent pas plus de 10 secondes sur un site (et qui représentent un pourcentage non négligeable).

  5. Bravo pour cette synthèse on ne peut plus juste.

    Je pense que la mesure de performance des campagnes prendra, à moyen terme, le dessus sur les autres mesures. Le message que l’on avance en utilisant Nielsen est « voilà ce que nous pourrions peut être faire pour vous, à vous de calculer ce que ça pourrait vous rapporter », alors qu’une des particularités d’Internet est de pouvoir affirmer « voilà ce que nous faisons en ce moment pour vous, et voilà ce que ça vous rapporte ».

    Bien sûr les campagnes de branding ont un coté abstrait, on n’en mesure pas immédiatement la performance, etc… Mais il est certain qu’à forcer les systèmes de mesure, le marché du display finira par y laisser des plumes. A moins que ça ne soit déjà fait!

  6. Ouais… Peut etre pourrais-tu Emmanuel nous parler des liens financiers entre les éditeurs et leurs « auditeurs » (OJD par ex.) ou panélistes ?
    Qui finance qui me parait une approche intéressante pour comprendre l’univers de la mesure d’audience ? Ca amène aussi un niveau de transparence que ne me semble pas offrir ce billet.
    L’OJD contrôle le presse papier. Et, que je sache, les dérives décrites pour le Web existent aussi dans la presse écrite (certes avec des mécanismes de dopage différents).

  7. @ChristopheD: oui Mediamétrie travaille à mettre en avant des critères plus qualitatifs. Pour pleins de raisons je ne crois pas trop que cela permette de résoudre la question de la fiabilité mais au moins on va dans le bon sens (voir aussi l’étude d’Alenty sur la visibilité des espaces pubs sur les pages et la durée d’exposition)

    @Frederic: helas personne n’a intérêt à baser la publicité sur le seul calcul à la performance. Je l’ai deja dit et redit cela n’a aucun sens économique pour les medias. Une des causes de la chute des CPM c’est que le critère du « clic » est devenu l’instrument de mesure unique de la performance. En réalité c’est surtout un instrument pour forcer la baisse des prix (personne le « clique » sur les pub télévisées non?)

    @Jeremie: j’ai deja mentionné les errances de la diffusion des journaux en France (en pointant aussi sur des billets de Frederic Filloux). Personne n’esquive cette question. En revanche je ne vois pas de quels liens financiers avec les panélistes vous voulez parler. Sinon L’OJD est une association ses décisions sont donc le reflets des demandes de ses adhérents. C’est partiellement vrai pour Mediamétrie où les clients sont régulièrement consultés justement pour valider des points de méthodologie ou discuter des règles de codage. D’une certaine façon ces organismes agissent selon les intérêts de leurs adhérents mais ceux ci doivent aussi s’accoder sur des règles communes. C’est toute la difficulté de mettre en place une autorégulation du marché.

  8. Si dans les chiffres publiés, on élimine déjà toutes les visites qui durent moins de 10 secondes (qui de surcroit ont peut de chance de rapporter aux annonceurs), je pense qu’on se mettrait à l’abri des dérives de l’audience artificielle qui ont fait polémique ces derniers temps (par exemple, obligé de cliquer sur un lien vers le Figaro pour accéder à un jeu en ligne) et autres opérations de référencement douteuses.

  9. Juste une petite remarque sur les panels. Il est vrai que si on arrive à faire venir des panélistes Médiamétrie sur son site, on augmente l’audience mesurée. La légende dit que la plus grosse audience télé de tous les temps était un reportage sur les panélistes médiamétrie qu’ils ont tous regardé !

    Mais comment utiliser ça pour tricher ? Il faudrait connaître les panélistes, et leur identité est évidemment secrète. J’ai travaillé 8 ans chez NetValue et NetRatings (dont les produits sont distribués par Médiamétrie), et si vous savez comment influencer les panélistes, je suis curieux de le savoir 🙂 !

  10. @ Emmanuel, Même si effectivement c’est un danger pour les médias qui risqueraient d’y perdre à court terme, la mesure de la publicité par le nombre de clic est celle qui est la plus pertinente/intelligente pour tous. Elle permet à l’annonceur d’être certain de ne pas se faire entuber en ayant ses publicités payées mais non vues et à l’éditeur de se regarder dans son miroir le matin.

    Le problème sur un site est en effet pour l’annonceur de payer des publicités qui ne sont pas vues, soit parceque le visiteur fait de la PAP (= reste 2 secondes sur chaque page comme sur les réseaux sociaux ou site de rencontre où l’on navigue très vite de fiches en fiches), soit sur les sites médias parceque la publicité se situe en bas de page et n’est donc quasiment jamais vue…
    Démonstration

    * Ce qu’il faudrait que tous fassent pour que l’économie de la e-publicité se développe encore plus vite:

    Pour un annonceur display intelligent et un média honnête, la mesure importante est l’e-cpm (équivalent CPM). Un annonceur va décider, en fonction du marché, qu’il est prêt à payer en e-cpm (= la même chose que ce qu’il payerait en cpm, disons 5€) et après un test sur un site va mesure qu’une publicité ayant la visibilité qu’il souhaite va être cliqué x% de fois, disons 0,2% dans notre exemple. L’annonceur pourra ensuite arroser le web en proposant un clic à 5€/0,2%=0,25€/clic. Toutes les publicités qui auront l’exposition souhaité par l’annonceur lui coûteront 5€ d’e-cpm, celles qui auront une exposition plus forte lui coûteront plus de 5€ mais l’annonceur sera content car la pub aura eu une exposition plus forte et celles qui auront une exposition moins forte coûteront à l’annonceur moins de 5€ d’equivalent CPM et ce ne sera pas un problème non plus, le pourcentage de clic ayant déterminé la visibilité de la publicité (si vous avez suivi, cela fonctionne pour tous les objectifs de publicité mais est surtout utile pour le branding qui aujourd’hui fonctionne encore surtout sur le mode archaïque du seul CPM ce qui peut parfois entuber les annonceurs)

    L’argument de la pub tv non cliqué n’est donc pas digne de vous 😉 ou alors c’est que vous ne vous étiez pas rendu compte que dans la partie, il y avait outre l’éditeur… un annonceur….

    (après il n’est pas dit dans mon commentaire que la publicité sur Internet est plus chère que dans les autres médias, au contraire mais il va falloir encore quelques années de patience avant qu’Internet ne siphonne, sur un tel modèle de l’ecpm correct pour chaque partie, l’essentiel de la pub presse papier, tv et radio)

  11. @Anne, je suis content de voir Alenty présent dasn cette discussion (voir commentaire dessus) car je pense qu’ils apportent la réponse à la question de la visibilité de la pub. Il est tout à fait légitime que l’annonceur attende un retour sur investissement de sa campagne simplement il est ridicule de penser qu’elle doive s’exprimer en « clics ». Comment peut-on penser que la pourcentage de clic est le critère de « visibilité ». Cela signifie que le risque financier est pris par le support (l’éditeur) qui dépend de la pertinence de la crea. Ce n’est pas acceptable sur le fond. C’est une pure logique marchande qui conduit a des aberrations avec des campagnes « B2B » qui tournent sur des sites hors contexte simplement parce que le ratio CPM/nb de clics arrange les intermédiaires.
    L’e-cpm ne doit pas être le deguisement du CPC ou du CPA.

  12. Tous ces échanges sont très intéressants mais il manque quelques questions/réponses :

    Pourquoi ce « patatage » (joli terme d’ailleurs) ?
    Il est important de rappeler que Mediametrie/Netratings, c’est quasiment le seul outil utilisé par les agences media internet. Cette situation de monopole n’est déjà pas très saine en soi.
    La pub sur Internet, c’est désormais des enjeux d’argent très importants chaque année (quelques milliards d’euros).
    Les agences media ont la main sur ces milliards. Et pour faire leurs plans media, en grande partie, elles utilisent donc Mediametrie/Netratings.
    Depuis des années, pour les mediaplanneurs, la tendance générale est à la simplicité : sur une cible, on va chercher les sites qui ressortent le mieux, principalement sur des critères de reach (« taux de pénétration »). On ne va pas creuser beaucoup plus loin. On ne se demande pas comment est composé le trafic du site par ex. On fait confiance à celui qui a la plus grosse sur la cible définie (et la thématique).
    Et puis, les mediaplanneurs n’ont pas le temps pour ça. Il y a des centaines de sites internet, et il faudrait des heures, voire plus, pour vérifier l’exactitude et la pertinence des choix décidés.
    Donc, on reste productifs et on se fie à Mediametrie et aux marques qu’on a sélectionnées…
    Or, de nombreux sites ont constaté qu’on pouvait jouer avec l’outil de mediaplanning. Une fois la brèche ouverte, c’est donc la course aux visiteurs uniques.
    Et comme on peut le lire en ce moment sur votre blog et sur d’autres sites, on découvre les ruses de sioux…
    Au final, celui qui a les plus gros chiffres d’audience prend le plus d’argent de la part des agences/annonceurs

    Qu’est-ce qu’un site « tricheur » ?
    On peut lire à divers endroits que l’achat de mots-clé était un des artifices utilisés pour tricher.
    On ne peut empêcher un site de communiquer et acquérir de nouveaux internautes par ce biais.
    Chaque site a le droit d’avoir une stratégie de communication.
    Les tricheurs sont plutôt ceux qui jouent avec l’outil de Mediametrie. Ceux qui créent une marque uniquement pour cet outil. C’est souvent via l’agrégation d’autres sites, partenaires ou non.
    Cela a pour effet de positionner une marque comme leader dans une catégorie et donc de récolter les investissements pub.
    On peut constater aujourd’hui 2 typologies de sites qui trichent : des marques qui sortent de nulle part et qui ont des millions de visiteurs uniques en peu de temps, et également des marques déjà fortes et reconnues qui connaissent des augmentations démesurées afin de rester parmi les leaders.
    Le plus gros malaise restant le premier type de marques. Celles qui sortent de nulle part et qui n’existent que dans Mediametrie (et donc dans la tête des mediaplanneurs). Avec un accompagnement des commerciaux aux discours marketing bien ficelés, ils peuvent récolter le jackpot.

    Combien de sites trichent aujourd’hui ?
    Il est difficile de le mesurer. Avec la nouvelle interface Mediametrie/Netratings, on y voit encore moins clair qu’avant. Avec l’ancienne interface, en creusant rapidement, on voyait comment était composé le trafic d’un site.
    Mais sinon, il suffit de se pencher sur le top 5 de chaque catégorie, il y a déjà du travail de nettoyage à faire.
    On parle beaucoup des sites d’actualités en ce moment avec, en ligne de mire, LeFigaro.fr et L’express.fr mais regardez aussi les autres catégories comme les « femmes », « le high-tech », « l’automobile», …

    Qui est lésé dans cette histoire ?
    – Les annonceurs : ils investissent de plus en plus sur le web, et ils ont raison. C’est donc la pertinence de ces investissements qu’il faut revoir. Investir : Oui, mais pas n’importe où, pas n’importe comment. Arrêtons de mettre systématiquement les plus gros sites sans réfléchir.
    – Côté agences, avec ce déballage désormais public, elles risquent de se faire rappeler à l’ordre par leurs clients. Ces derniers vont demander des explications. Normal.
    – Le marché : à cause de ces néo-marques « gonflées à l’EPO », qui se tirent la bourre pour faire du chiffre, le cpm baisse. Ces gens là sont prêts à tout pour récupérer les campagnes de pub. Quand un leader baisse son prix, les challengers et autres sites de la catégorie sont pris dans la spirale. Il devient de plus en plus difficile de maintenir ses prix.
    Mais le pire, c’est que l’agence/l’annonceur pensent faire une bonne affaire en achetant de la pub chez le n°1 à X euro en cpm. En réalité, c’est peut être une mauvaise affaire si le site triche. L’agence/L’annonceur pensent être sur un site quali mais ils peuvent se retrouver sur des zones de forums ou de services, qui constituent l’essentiel du trafic chez certains…
    Mais tout ça ne dérange personne, tant que les taux de clics sont bons… (autre problème de la pub sur internet)
    – Les sites « propres » : ça constitue quand même une majorité dans Mediametrie. Ils devraient avoir plus de revenu pub.

    Quel est le risque si on arrivait à avoir des résultats enfin fiables ?
    – Les sites qui trichent : pour certains, si ça éclate et qu’on fait le ménage dans l’outil, ça risque de leur coûter cher, très cher. Et ce sera mérité.
    – Les sites qui ne trichent pas : plus de revenus publicitaires.
    – Les agences / Annonceurs : plus de fiabilité dans leurs investissements

    Qui est responsable ?
    Les sites qui trichent sont les premiers cités.
    Mais le principal responsable est Mediametrie qui ne peut faire face à ces magouilles des sites.
    Ils ont beau dire que leur panel est audité par je ne sais quel organisme certifié, ça ne suffit pas, les sites ont trop de flexibilité pour faire joujou avec l’outil.
    Ca fausse donc les données et donc une (bonne ?) partie des achats d’espace sur le web…

  13. Pourquoi mes lecteurs sont aussi bavards… 🙂

    Les propositions que nous allons faire à Mediamétrie devraient aller dans votre sens. Vers une plus grande simplification et un coup de nettoyage à sec côté panel…

  14. Besoin de quelques clés de base svp ! 🙂

    Médiamétrie et Nielsen, c’est la même chose, le même panel ? Netratings, c’est leur étude commune, c’est bien ça ?

    L’OJD utilise quoi, un marqueur sur les pages ?

    Et Xiti dans tout ça ?

    Merci. 🙂

  15. Médiamétrie//Netratings, c’est la joint-venture de Nielsen online et Médiamétrie pour commercialiser l’outil US sur le marché français, donc oui, c’est ça en quelque sorte…

    Bon par contre, Emmanuel, je me dis qu’au sortir de la commission vous deviez être sacrément inspiré pour en écrire autant sur un sujet qui n’en vaut peut-être pas la peine… Rien qu’à lire tout ça, je me demande où est la vraie polémique, car c’est là une polémique, bien que je ne comprends pas quel est le but.
    C’est un panel et comme tout panel, des tonnes de facteurs influent sur les tendances sur tel ou tel indicateur, le rôle d’un institut d’étude est de réduire ces écarts. Après, si vous voulez un panel parfait, eh bien, il ne faut pas regarder les chiffres du panel, mais lire dans le marc de café ou les os de poulet.
    Moi je voulais une Ford Mustang à Noël et j’ai eu des enceintes pour mon PC…
    Finalement, on ne sait même plus quelles sont vos demandes à l’égard du panel…
    Et puis la théorie du complot de l’achat de panélistes ou du parti pris des actionnaires de Médiamétrie, ça fait un peu conspiration à la x-files et la science fiction, ça finit par ne plus être très constructif…
    Bon, on va se coucher ?

  16. Bonjour Emmanuel,

    Je n’ai pas été habitué à tant d’amalgames et de raccourcis de ta part ?
    L’OJD contrôle et publie bien la volumétrie des sites, entre autre leurs Visites et leurs Pages Vues mais que vient faire le fait que l’internaute vient se connecter de 2 postes différents ? Que je sache on ne dé-duplique pas le nombre de téléspectateurs de France 2 entre les émissions Télé Matin et le journal de 13 H ? Des messages publicitaires différents ou non seront bien diffusés à ces gens alors qu’il s’agit potentiellement des mêmes ?! Voila pourquoi la Visite est un critère bien plus fin, à mon sens.

    Penses-tu que le fait qu’un Internaute qui se connecte sur un site d’info le matin au Bureau pour faire sa revue de presse et y retourne le soir de chez lui pour aller lire en profondeur un article sur ce même site, ne mérite pas d’être pris en compte par le marché publicitaire ? Il est effectivement sur le même site mais dans des dispositions différentes et la perception de la pub qu’il en aura le sera aussi certainement. C’est d’ailleurs comme cela que le marché publicitaire fonctionne, je te rappelle que les Visiteurs dont tu parles sont bien distingués par les Ad-servers sur la même méthode que les Visiteurs OJD, par des cookies. Les campagnes étant ‘capées’ sur ce nombre de Visiteurs et non sur celui du Panel qui lui, en plus les dé-duplique sur 1 mois !

    Toutefois, l’OJD ne prétend pas faire de la mesure d’audience et nous laissons cela aux Panels. L’OJD sert de cadre dans ce tumulte, dans le but d’éviter ce type de débordements et permet de dimensionner la fréquentation d’un site par rapports aux autres et dans le temps. Nos chiffres permettent aussi peut-être de se poser les bonnes questions lorsque d’autre ‘Mesures’ s’affolent et que les notre restent stables.

    Je pense d’ailleurs que l’adhésion massive des Sites majeurs du marché aux contrôles de leurs chiffres par l’OJD soit la meilleure preuve de l’intérêt de notre mission et du besoin vital d’organisation de ce marché.

  17. J’aimerais bien savoir qui utilise l’OJD sur internet…
    Tout le monde s’en fout royalement aujourd’hui (peut-être à tort).

  18. Je fais parti de ceux qui ont du mal avec les mesures d’audience qui s’appuient sur le couple : sondage + extrapolation. Je préfère, surtout en ligne, des outils comme Google Analytics, tout imparfait qu’ils soient. Et, je crois fortement que la numérisation des moyens de communication va faire voler en éclat les systèmes mesures s’appuyant sur des sondages.
    Le Pew Research Center se pose d’ailleurs aujourd’hui la question dans cet excellent article: http://pewresearch.org/pubs/1138/survey-problems-new-techniques-communications-research

  19. Pour info: Une bonne dizaine d’articles ont été publiés sur les fausses statistiques, en novembre et décembre 2008 sur le site d’hervé Ryssen herveryssen.net…

  20. Pingback: Animation de communauté: on ne dope pas l’audience, on la construis | Samsa news

Votre commentaire

Entrez vos coordonnées ci-dessous ou cliquez sur une icône pour vous connecter:

Logo WordPress.com

Vous commentez à l’aide de votre compte WordPress.com. Déconnexion /  Changer )

Image Twitter

Vous commentez à l’aide de votre compte Twitter. Déconnexion /  Changer )

Photo Facebook

Vous commentez à l’aide de votre compte Facebook. Déconnexion /  Changer )

Connexion à %s