Ethique en toc

Il y a des journées comme ça, qu’on traverse comme un mauvais rêve. Il y a des signes annonciateurs. Un dirigeant de TF1 plongé dans une affaire crapoteuse sans qu’aucun journal télévisé ne juge pertinent de traiter l’info. Heureusement la presse est encore là, sur internet aussi. La pdeudo mort de Sevran qui donne lieu à un cafouillage magistral sur Europe 1. Démenti brutal, et long silence assourdissant, avant qu’on ne découvre l’origine des pseudos « sources multiples sérieuses »: Elkabbach, patron de la rédaction d’Europe 1. On oublie au passage qu’Europe 1 annoncait deja le mariage d’Olivier Martinez il y a quelque temps (la faute à l’AFP).

Le même qui appelait à la création d’un comité d’éthique contre la « dictature de l’émotion », comprenez le Net puit à rumeurs (lire l’interview collector sur La Croix). Merci ArretsurImages.net et LePost.fr qui donnent l’info. Merci le Web. Qui sait d’ailleurs que la marmelade sur le comité d’ethique doit son origine à la mise en cause de David Douillet, info reprise par Europe 1, démentie par Douillet face à au site Bakchich qui a finalement obtenu gain de cause au tribunal. Merci le Web (honnêtement qui a entendu parler de l’affaire Douillet depuis une semaine?).

Ce soir le pompon.

L’emission 66 Minutes de M6 devait diffuser un reportage (à charge) sur la Chine. C’est un reportage sur les jeunes SDF qu’on se voit servir. Pourquoi? Le forum de M6 s’échauffe à juste titre. Le sujet est reprogrammé la semaine prochaine. La version de l’animatrice, celle du directeur de l’info sur… Europe 1.
POURQUOI?

Alors faut-il un comité d’éthique?

Le problème ce n’est pas l’éthique, le problème, c’est que cette semaine pour être informé il fallait lire l’info sur le web. Parce que le problème c’est celui d’une lutte contre un certain pouvoir. Le pouvoir dans et sur les medias. Comme une page qu’on ne parvient pas à tourner.

Limpide.

 

Bonus : Je passe la parole à ma maman qui pour la seconde fois trouve les mots justes (et au passage, après 30 ans d’Europe 1 s’informe sur LePost.fr et ASI.net. Qu’on médite là dessus).

Cadeau d’Ecosphere, un « focus group » percutant pour pas un rond:

Manu, j’ai malheureusement loupé l’émission de Ruquier hier soir car nous n’étions pas à la maison mais je me suis rattrapée avec les vidéos sur Le Post.
A midi j’ai écouté sur Europe 1 les excuses softs de Duquesne et j’avais comme un malaise car c’était gentil, Morandini non percutant alors qu’il y avait de quoi poser comme questions, et je viens de lire Arrêt sur images où D Schneiderman relate ces excuses qu’il juge comme je les ai ressenties. Et la rédac d’Arrêt sur Images nous informe que l’information du décès de P Sevran venait d’Elkabach lui même.
Madre de Dios, lui qui voulait faire le ménage !   Manu  mon message de début janvier sur Elkabach ta radio fout le camp était prémonitoire. D’autant plus qu’il y a quelques semaines tu écrivais que cette station (ainsi que l’AFP) t’avait induit en erreur sur une info.
Tu avais raison lorsque tu disais voici de nombreuses années qu’il n’y avait plus de journalistes d’investigation mais que des lecteur de dépêches d’agence !
C’est aberrant et atterrant, ne trouves-tu pas ?
 
Votre métier de journaliste en prend un coup, c’est le moins qu’on puisse dire. J’ajouterai aussi que je ne vois pas pourquoi Ruquier dans une émission de divertissement est sommé d’interrompre pour divulguer ce décès qui n’est tout de même pas une info de première importance , j’estime que ça pouvait attendre les vrais infos . Les médias se congratulent entre eux, parlent d’eux, cf le décès de Gilardi, lequel était triste compte tenu de son âge, mais bon qui le connaissait à part ceux qui regardent le foot ?
 
Bref , j’enrage un peu. Gros bisous

 

8 réflexions sur “Ethique en toc

  1. Emmanuel,

    merci pour cet article qui me conforte dans l’idée qu’Internet a complètement atrophié la métier de journaliste. Vérifiez vos informations, Messieurs!

    Amicalement,

    Julien

    PS: ta mère devrait vraiment blogguer 🙂

  2. Manu (comme t’appelle ta maman…), un bémol à ton analyse : Internet est tout sauf blanc-bleu dans ce genre d’affaires (lire l’article chez nous à ce sujet), dont un certain nombre, c’est un euphémisme, sont nées en ligne. Le terme hoax n’a pas été inventé pour la radio… Et si Elkabbach, qui n’est pas précisément, par ailleurs, un parangon de journaliste, a voulu aller aussi vite sur ce coup-là, on ne peut pas s’empêcher de penser que c’est pour griller le Web (qui, a relayé l’info, au fait). C’est drôle parce que sur son blog, Renaud Revel, chez nous toujours, tire de cette affaire la leçon inverse (que je trouve également incomplète): heureusement qu’on a encore des journalistes qui font leur boulot…
    Amistad, E.

  3. oh, des bourdes il y en a eu, il y en aura d’autres et le web n’est pas un brevet de fiabilité j’en suis bien conscient. Je m’inquiète plus de ce que je ressent comme une crispation et des tentatives de garder la main, à l’ancienne, en organisant des débats dépassés. Juste pour garder l’initiative.

    Tiens après 10 jours de débats sur le Tibet j’aimerais savoir combien de correspondants sont sur place. Pourquoi l’info sur Douillet n’est pas relayée etc..
    J’ai encore confiance dans la profession, heureusement.

    Quant à la recherche du scoop elle ne me choque pas, il faut l’assumer. D’accord avec Revel en revanche sur le risque de ne faire que du bruit. Ca c’est ce qui nous menace sur internet. C’est aussi à ça que nous mène tranquillement un ecosystème piloté par Google.

  4. Interessant ton rapprochement sur Google. Je vois depuis des années tout le monde parler de Microsoft comme de Big Brother. Je pense que Google est au Web 2.0 ce qui Microsoft est au Web 1.0.

    Je suis en ce moment à San Francisco à la conf de Tim O’Reilly que je couvre sur http://www.franckperrier.com/ et il faut dire que MS est toujours maladroit – tres corporate – dans sa communication, en l’occurence sur le lancement de Live Mesh.

  5. Pingback: L’avenir des médias en ligne en 6 questions « internet et opinion - web 2.0, communication, relations publiques, influence, médias, blogs, etc.

  6. Pingback: I media online nell’ era della distruzione creativa - blogEconomia

Laisser un commentaire