Google sous le feu des Etats généraux

Cette fois il semble que les passions se lâchent: « Il y a encore six mois nous pensions y arriver, mais aujourd’hui, avec la crise actuelle, nous vous considérons comme notre pire ennemi », Pierre Conte, patron de Publiprint (Figaro). Selon la retranscription des échanges de la dernière session du pôle 3 des Etats Généraux il est clair que Google est désormais dans la ligne de mire des éditeurs français. Les propos sont violents et adressés à Josh Cohen en charge de Google News qui était l’invité du jour. J’assisterai demain matin à la prochaine rencontre entre Google et les éditeurs, cette fois dans le cadre du Geste, j’espère que le sang froid sera au rendez-vous.

Cette fois il ne s’agit plus de reprocher à Google la reprise des contenus sur Google news (assumée par tout le monde ou presque depuis le dernier étripage en 2003 que j’ai raconté ici) mais son rôle dans l’effondrement des tarifs publicitaires. Un débat complexe mais qui prouve que tout le monde a désormais bien identifié la nature du problème qui mine la presse en ligne: l’impossibilité de monétiser correctement l’information. Je ne suis pas sûr que Google soit le seul responsable sur un marché français où les CPM sont depuis longtemps très inférieurs aux voisins (lire aussi ici). Mais avec un cpm largement  inférieur à 10 euros sur Youtube et et un Google qui se met à proposer de la publicité vendue à la performance (cpc) dans les formats de type carré ou bannière (le display qui assure l’essentiel des revenus des medias) force est de constater qu’il participe activement à vider la baignoire.

Je verrai demain comment s’orientent les débats et la réponse de Google mais je doute que Josh Cohen soit le meilleur interlocuteur pour discuter de ces questions. A mon sens la question du démantèlement de Google se posera nécessairement tôt ou tard non pour remettre en cause le coeur de son activité mais parce que sa position dominante à la fois dans la distribution (search) et comme régie publicitaire constitue désormais une aberration économique qu’on n’aurait toléré d’aucun acteur économique dans une économie traditionnelle.

J’apprécie comme beaucoup la puissance du moteur de recherche et sa contribution à l’ouverture de l’économie des savoirs mais je pense que son modèle économique, du fait de sa position outrageusement dominante, relève désormais plus de la taxation des échanges économiques plus que des mécanismes du commerce. Google ponctionne la valeur ajoutée du commerce en ligne plus qu’il ne le facilite. Je l’écrivais en 2005 en comparant cette domination à celle des banquiers Lombards au Moyen-Age:  « l’enjeu c’est le pouvoir, celui qui contrôle les routes du commerce, filtre les échanges, les ponctionne, fixe les règles ». En clair parce que Google contrôle les routes du commerce il est en situation de contrôler les mécanismes de fixation des prix. C’est la question.

MAJ 15/12/08
Quelques nouvelles  réactions des témoins à lire absolument:

Google en panne d’algorithme politique par Frederic Filloux sur E24.fr

« Google Chahuté » par Sophie Gohier, éditrice de L’Express.fr

Mediawatch avec (encore) Eric Scherer en version anglaise mais qui enrichit son compte rendu de la session qui s’est déroulé avec le GESTE le lendemain.

(Note: j’ai décidé de m’abstenir de faire le récit de la session du vendredi, nettement moins polémique de toute façon mais ayant un caractère privé. J’attends surtout pour commenter de savoir quel sera le texte final qui sera publié à l’issu des Etats Généraux).

36 réflexions sur “Google sous le feu des Etats généraux

  1. Donc… tu imagine une taxe Google ??? (après tout, pourquoi pas, l’état a clairement l’intention de taxer internet, autant assumer carrément et se dire que le génie Français trouvera des relais de croissance ailleurs…). En même temps, Google paie des impôts en France, non ? Et ces impôts servent à subventionner (entre autre) la presse…

    Il faudrait penser à taxer EDF qui fournit de l’électricité aux voitures électriques et menace – a terme – notre Total national, pendant qu’on y est 😉

    La vérité ne serait elle pas que la presse n’a jamais réellement cherché de nouveaux modèles économiques et qu’elle se réveille bien trop tard pour espérer survivre ? (en tout cas pour une large partie, celle qui ne finira pas subventionnée – je sais, je suis méchant)

  2. Euh non je ne parle pas de taxer Google et il génère en effet des richesses. Je ne fais pas du Google bashing ici, je m’intéresse à la question spécifique de l’économie des medias. Je ne souhaite pas non plus revenir en arrière, je suis très satisfait de Google comme utilisateur mais je pense que c’est la régulation du marché qui est en question.

  3. Désolé d’avoir semblé agressif, j’imagine bien que ce n’est pas au sein de ceux qui ont compris internet que je vais trouver un journaliste qui hurle avec les loups contre Google 😉
    Pour ce qui est de la régulation du marché, pourquoi ne pas le laisser dans l’ultra libéralisme qui l’a mené à l’ultra concentration (et l’ultra immobilisme) qu’il connait aujourd’hui ? On risque quoi ? Moins de démocratie ? (laissez moi rigoler) Moins de pluralisme ? (qu’est ce qu’on rigole)

  4. Il faut réviser tes classiques. Le plus grand ennemi d’un système neo-libéral n’est pas l’Etat mais le monopole. Plus exactement la possibilité pour un acteur économique d’influer sur le marché et les prix. Contrer l’émergence des monopoles est précisément le rôle dévolu à l’Etat dans un tel système.

  5. Bonsoir E,quand vous dites :
    « constitue désormais une aberration économique qu’on n’aurait toléré d’aucun acteur économique dans une économie traditionnelle » c’est un tantinet faux. Il n’y qu’à voir nos distributeurs d’alimentation Carrouf, Auchan and co (bien que cela soit un autre domaine je vous l’accorde mais néanmoins comparable)qui distribuent mais aussi copient à qui mieux mieux les grandes marques à des prix cassés…

  6. Vanch vous n’imaginez pas à quel point vous mettez dans le mille en prenant ces exemples. C’est même très exactement ceux que j’ai en tête car je pense que dans une telle économie les medias ne sont plus que des fournisseurs de matières premières (ou de produits frais) auxquels les distributeurs imposent leurs règles.
    Disons seulement que nous n’aurions pas toléré le monopole de l’un ou l’autre de ces distributeurs. Carrefour ne détient pas 80% du secteur…

  7. Tout a fait, tu as raison, on est loin du libéralisme (et de la démocratie, mais c’est une autre histoire), c’est un monopole, et un monopole mou qui n’a pas sur s’adapter à la météorite internet…

    Alors, on fait quoi au final ? On casse le monopole Google ou celui de la presse ? (ou les deux ? ou on laisse faire le marché ?)

  8. @ Fabrice Epelboin :

    « Google paie des impôts en France, non  » : il suffit de regarder les comptes de Google France sur societe.com pour voir que Google France ne verse que 132.000 d’impôts au Trésor Public.

    Trouvez vous cela normal pour une société qui réalise entre 500 et 1 milliards d’euros de CA en France et qui dans son programme Ad Sense ne révèle pas son taux de commission ?

  9. @ Emmanuel

    J’ai bien peur que les médias ne résolvent pas leur problème de distribution en s’en prenant à Google : c’est s’attaquer à des conséquences, pas à des causes.

    Google n’a pas créé le nouveau mode de distribution de l’information en ligne : il n’a fait que le comprendre avant les autres et s’y adapter adroitement, et il est bien le seul à réussir à en tirer profit.

    Le fond de l’affaire est qu’il sera probablement impossible de reconstruire sur internet, comme sur le papier, une intégration verticale publication/distribution. Les médias s’illusionnent à conserver ce projet.

    Le net a rompu le lien « organique » précédent entre publication et distribution. Ce sont les internautes eux-mêmes, qui sont désormais les « agents » de la distribution de l’information en ligne (pas Google), car ce sont eux qui placent les liens qui permettent l’accès à l’information. Les points-clés de la distribution en ligne, ce sont la recommandation et la réputation et ces points-clés sont passés presque entièrement du côté utilisateur. Ils ne sont plus du côté producteur, et ils n’y reviendront pas.

    Google sait exploiter ce système, mais il n’est pas le seul : la blogosphère dans son ensemble, les réseaux sociaux, les agrégateurs… jouent le même rôle dans la distribution (c’est de la distribution distribuée 😉 ).

    Démanteler Google ne fera que déplacer le problème vers un autre service d’agrégation des recommandations d’internautes.

    En réalité, Google ne détient pas réellement un monopole, dans le sens « classique » : si demain, un autre service fait mieux que lui, il le remplacera rapidement. Google n’est pas propriétaire du système de distribution, il n’en est qu’un exploitant. Car le système de distribution : c’est le net lui-même.

    Les médias font fausse route en considérant que le problème est celui d’un partage de la rente liée à la production des contenus, dont une partie serait « captée » par Google.

    Google ne leur « vole » rien : il s’est seulement positionné là où se créé la valeur en ligne, et c’est pas dans la création des contenus !

  10. Narvic ce n’est absolument pas une affaire de contenu, quant à la distribution par les utilisateurs c’est une vision sympathique mais très surestimée. En tout cas pas au point de penser que c’est un contre pouvoir. Surtout ce n’est pas ce qui est en question ici. Quand je parle de démantelement il s’agit de séparer deux activités absolument pas de d’intervenir sur le fonctionnement de l’une ou l’autre. Donc rien ne change en terme en pratique pour l’utilisateur.
    C’est amusant de voir que peu de gens sont sensibles à la question du monopole. Remplace Google par Rockefeller, bascule au 19eme siècle, pense au pétrole et imagine la suite

  11. Bien sûr que ce n’est pas une affaire de contenu : quand le contenu est tellement abondant, le contenu ne vaut plus rien. Et Google n’est pour rien là-dedans. Il n’y a que les produits rares qui ont espoir de se vendre cher. Ce n’est pas du tout le cas de ce que produisent les médias en ligne, et ça va même de pire en pire.

    Par ailleurs, c’est le rôle de Google dans la distribution qui est surestimé de manière très naïve. Je ne sais pas si ça à quelque chose de « sympathique » ou pas (ce n’est pas mon propos et je m’en fous), mais je me borne à souligner le rôle déterminant que jouent les utilisateurs du net dans la distribution de l’information et c’est un véritable renversement par rapport au système de distribution construit sur la manipulation du produit matériel (les tonnes de papier), qui était contrôlé par les éditeurs. Sur le web, ça ne marche plus du tout comme ça (ça avait déjà commencé à changer avec la radio et la télé… et l’audimat !).

    Ce à quoi les médias ne parviennent pas à d’adapter, et que Google a réussi à faire, c’est à réorganiser la distribution selon le fonctionnement du web, c’est à dire à partir des internautes : le coeur de sa « mécanique », ce sont les liens postés par les internautes qui façonnent toute l’économie de la distribution.

    Google ne distribue pas des articles produit par les médias (ce n’est pas la marque du média qui compte). Il distribue des liens postés par les internautes (c’est le nombre et la qualité des liens qui compte) ! Tant que les médias n’auront pas compris ça, ils continueront d’aller dans le mur.

    L’organisation centrée sur des marques de médias, ça ne marche en ligne que pour des produits de niche (soit très spécialisés, soit à forte valeur ajoutée communautaire), et ça ne marchera jamais pour un produit courant comme l’information généraliste.

    Le modèle de distribution de l’information à l’intérieur de la blogosphère montre à l’évidence qu’il existe d’autres manières de faire que celle dans laquelle les médias se sont laissés enfermés. Les médias seraient fort inspirés de s’en… inspirer et d’apprendre comment fonctionne une distribution horizontale, plutôt que de continuer à la concevoir de manière verticale, ce qui revient à donner soi-même les clés de la maison à Google. Quand on a fait ça soi-même, on est fort malvenu de se plaindre.

  12. @Narvic: sur la question du monopole: quel qu’il soit, il me semble qu’il est toujours à la merci d’un nouvel entrant qui le dépasse via une rupture technologique, par exemple.

  13. Il est possible qu’il y ait quelques anormalités dans le secteur des médias traditionnels au sujet desquels Google n’aurait rien à voir. Certains politiques en ont parlé et retourner l’idée d’états-généraux en appelant au-secours un monarque ne me semble pas vraiment être le signe que la presse mesure véritablement le problème. Après Kerviel, Google et Madoff… bon. Parfait même. Moi ça me fatigue ces gérémiades et ça donne pas envie de réfélchir plus loin que ça.

  14. @Narvic je ne vois pas trop le rapport avec la question des revenus publicitaires. Certains sous estiment probablement le rôle de Google dans la distribution, mais ce n’est pas mon cas, je pesne au contraire qu’il la contrôle…

    @Rpbourque: je pense aussi que tout ne doit pas être mis sur le dos de Google. J’ai déjà abordé ici la question des tarifs publicitaires et j’ai fait référence au post de Fillioux sur le problème des intermédiaires. Il y a encore beaucoup à dire sur le sujet. Je ne suis pas non plus d’accord avec un certain nombre de critiques et de demandes exprimées par certains éditeurs (malheureusement on ne peut pas tout dire ici, ces réunions ont aussi un caractère privé). Mais je préfère que le débat s’oriente sur la question de la pub que sur celui des droits d’auteur sur les flux RSS comme cela a pu être le cas à d’autres époques…

  15. Bonjour Emmanuel

    Peu de gens osent aborder la question du monopole de Google, chapeau, tu n’as pas peur pour le trafic de CNET? Tout le marché Internet se garde bien de se faire trop remarquer par le gardien des clés du trafic en l’accusant de monopole, c’est bien trop risqué, s’ils avaient oublié leur devise « don’t be evil »…

    Ce monopole est bien installé, particulièrement en Europe, et pour ce qui me concerne je ne vois pas comment il pourrait être remis en cause à vue humaine, sauf intervention tout à fait improbable des autorités de la concurrence.

  16. @Pierre: franchement si on ne peut pas parler du quasi monopole de Google c’est qu’on ne peut plus parler de grand chose… Il y a quelques années on m’a taxé de « pro Google » dans des réunions semblables. Je ne crois pas que raisonner entre pro et anti soit la meilleure manière d’aborder la question.
    Par exemple ici je ne m’associe pas à certaines critiques en revanche je pense important d’expliquer en quoi consiste le coeur de ce nouveau débat. Je remarque d’ailleurs que beaucoup d’observateurs se méprennent sur les enjeux du débat en croyant qu’il s’agit de l’éternelle question des reprises de contenu. Cette fois on parle d’argent. Et cela me confirme qu’il fallait absolument écarter des Etats Généraux (contre le bon sens il est vrai) les questions de contenu pour se focaliser sur les enjeux commerciaux et industriels.

    Le débat est très complexe et personnellement si je parle de démantèlement c’est justement parce qu’il faut préserver d’un côté la puissance du moteur de recherche et de l’autre l’efficacité de la régie. Simplement la combinaison des deux crée une barrière d’entrée inexpugnable.

    A la différence de certains de mes collègues je ne pense pas qu’il soit juste et réaliste de vouloir légiférer contre Google pour contraindre l’ensemble de ses activités. C’est un réflexe très français alors qu’outre Atlantique on privilégie le pragmatisme: si un acteur contrôle l’ensemble d’un processus économique alors on doit simplement scinder ses activités. Je pense à Exxon, je pense à ATT…

  17. Les « producteurs de contenu » sont-ils capables oui ou non de donner des informations pertinentes sur leur contenu afin de mettre en place des publicités pertinentes ? Qui est capable de proposer des publicités adaptées non pas à celui qui fait le contenu mais au client potentiel ? Pour l’instant je ne vois personne avancer mieux que Google sur le web sémantique, en quoi Google devrait, en plus de réellement faire des investissement qui ont un sens, entretenir des gens qui sont, pour Google, remplaçables ? Y a pas beaucoup de monde capable de comprendre les messages qui transitent par le web: actuellement il y a (en gros bien sûr) Google et les internautes, et ni l’un ni l’autre n’a de vraie raison de payer, aujourd’hui.

  18. Pingback: Pub: comment la technique du reciblage détourne la valeur des sites éditoriaux « ecosphere

  19. Bien sur qu’il faut parler du monopole de Google pour la pub. Bien sur que Google fait — en partie — baisser les CPM. Maintenant, une fois que l’on a dit ca, on fait quoi? Un peu fort de café de reprocher à Google les malheurs des agences et de la presse écrite. Non ? Ils n’ont pas eu besoin de Google pour en arriver là où ils sont. Pas besoin d’élaborer sur le sujet.

    De toute façon, pourquoi se bat-on encore sur cette histoire de CPM ? Va-t-on vendre encore longtemps du CPM sur le web? Je ne crois pas. Sur le web, il me semble que l’on n’est pas dans une logique de vente d’espace ou de eyeballs. On est dans une logique de transaction. De call for action. De one-to-one. De market place. Qu’on le veuille ou non. Que ça complique les choses ou pas.

    Un business fait de la pub pour vendre. En tout cas, dans la très grande majorité. Internet (et le numérique en général) a cassé la logique du one to many. Nous sommes dans le many to one. Le one ayant en plus l’aide de la communauté pour l’aider sur ses décisions d’achat (et histoire de compliquer un peu plus la vente).

    Mettre l’acheteur en face du vendeur, c’est ça le défi… médias inclus.

  20. Bonjour,

    Il me semble qu’il y a quelques confusions dans le raisonnement.

    Tout d’abord, Google n’est pas un simple distributeur, à moins de confondre par exemple une librairie et une bibliothèque. La fonction de Google, n’est pas de distribuer des journaux mais de rechercher de l’information. Il y a effectivement une valeur créée par Google qui ne s’apparente pas à de la distribution.

    Ensuite, Google est sur un marché bi-face, ce qui ne correspond pas du tout à la comparaison avec les grands distributeurs ou les pétroliers.

    Mais il est vrai que Google construit un monopole dans l’accès (dont il est un peu abusif de dire qu’il n’est pas dénoncé..) qui induit progressivement une position dominante sur la publicité en ligne qui devient de trimestre en trimestre de plus en plus prégnante et détruit, par ailleurs, de la valeur pour les médias de diffusion voir par ex :
    http://blogues.ebsi.umontreal.ca/jms/index.php/2008/10/28/564-google-triple-bande

  21. Je comprends l’argument de la distribution, techniquement vous avez raison et on peut toujours discuter de la pertinence de la comparaison. Mais dans la mesure ou nous sommes dans une économie numérique et de liens et que l’on ne parle pas de distribution de biens je pars du principe qu’en distribuant les liens (qu’il stocke, faut-il le rappeler ce n’est pas sans conséquence) il agit de facto en distributeur de l’information. Pas des journaux en effet nous sommes dans une économie de flux.
    L’important, même si c’est un raccourci de pensée c’est qu’il agit vis à vis d’un site de presse comme un distributeur (j’ai dejà expliqué que l’allégorie du kiosque n’était pas non plus techniquement recevable).

    Merci pour votre graphique qui complète le raisonnement.

  22. Google ne « stocke » pas uniquement et crée bien plus d’information que vous faites semblant de croire. D’ailleurs ce n’est pas le « stock » sa valeur ajoutée. Le jour o`u Google ne stockera plus il faudra trouver d’autres arguments. Non, c’est la presse qui s’occupe d’un stock, et c’est bien son problème.

  23. @Emmanuel

    Monopole de Google ? Oui et c’est normal car pour moi en tant qu’utilisateur, il y a aucun moteur de recherche qui m’offre ce que Google me donne « gratuitement ».

    Si le modèle économique des journaux en ligne n’est basé que sur les revenus publicitaires de Google et bien ils n’ont qu’à trouver d’autres modèles.

    Wikio est un agrégateur d’actualités et déjà rentable après à peine deux ans d’existence.

    Comment ?

    Il ne compte pas uniquement sur Google, il fait aussi de l’affiliation, et ils vend aussi de l’espace publicitaire directement.

    Le problème des médias traditionnels c’est qu’ils ont un regard et un modèle archaïque qui ne veulent pas abandonner.

    Il n’y a pas que Google pour monétiser de l’information et c’est suicidaire de baser son modèle économique sur une seule source seulement.

    Et si Google faisais faillite demain ?

    Google est en tête et il le mérite.

    L’Europe a investit 200 millions d’Euros dans un projet de moteur de recherche qui est tombé à l’eau pour contrer Google.

    Au lieu d’investir dans une centaine de Start-up pour développer l’innovation, ils ont préféré jeter l’argent par la fenêtre pour essayer de rattraper un moteur qui existe depuis plus de 10 ans.

    Il est mathématiquement impossible de le rattraper.

    Le mieux pour les médias, c’est de diversifier leurs sources de revenus et trouver de nouveaux modèles économiques sinon ça sera la catastrophe dans quelques années.

    Bien à vous,
    Rafik Makhlouf

  24. Emmanuel,
    C’est un sujet sur lequel nous avons souvent débattu.
    J’adhère à l’ensemble de tes remarques : la position d’intermédiation de Google, sa maîtrise du comportement des utilisateurs par le multi-maillage : recherche / stats (analytics) / pub (doubleclick et adwords) flux (feedburner, iGoogle) / mail (GMail).
    Je crois aussi comme toi qu’il est vain de les attaquer, bien que leur maîtrise du terrain du web frise le Trust, comme je l’avais écrit.
    Sur la question de la presse, dans une de mes précédentes notes, intitulée le pic de Hubbert de l’information traditionnelle, je parlais de la nécessité de la presse à rechercher de nouveaux modèles. Aujourd’hui la tendance est au Social, un domaine que Google et consorts peinent à monétiser, et à la Market Place.
    A lire les remarques des responsables de presse, le lecteur 2.0 ouvre son ordi, va lire en ligne son journal unique puis referme son portable. Nous savons très bien ce qu’il en est réellement.
    Bien sûr qu’un CPM x 2 apporterait une bouffée de revenus aux titres en ligne, mais ce ne serait encore pas suffisant pour subsister. Je pense qu’il est important d’inventer de nouveaux modèles souples, profitant du meilleurs des tendances actuelles, et notamment d’une vraie valorisation/captation des lecteurs/utilisateurs.
    Faisons nôtre le credo de Google : User first !

  25. Pingback: Geekeries | taggle.org

  26. Discussion très intéressante.
    @Narvic très belle argumentation
    @Fabrice peace 🙂

    Emmanuel, essayer de trouver un seul et unique coupable aux problèmes de monétisation de la presse en ligne semble difficile…

    Car tous les jours sur internet l’on invente de nouveaux moyens de distribuer l’information, de nouveaux moyens de la consommer et surtout de nouveaux moyens de la monétiser.

    Je cite « Carrefour ne détient pas 80% du secteur… ». Mais ici on parle de quoi exactement? De part de marché sur le search ? De search advertising ? De display ? D’affiliation ? De billets sponsorisés ? De twitte sponsorisé ? Etc…

    Le web est une révolution. Tout le monde le dit, mais peu en pèse vraiment le sens. Il n’est pas trop tard pour tout remettre à plat et s’intégrer dans cet écosystème bouillonnant et complexe.

    Je vais reprendre le premier commentaire de cette discussion:
    « La vérité ne serait elle pas que la presse n’a jamais réellement cherché de nouveaux modèles économiques et qu’elle se réveille bien trop tard pour espérer survivre ? »

    Je suis ici en désaccord: il n’est pas trop tard !

  27. Vous connaissez beaucoup de nouveaux modèles économiques sur le web depuis ces 10 dernières années? La quasi totalité des services misent (à tort) sur la publicité.
    Pour cette raison je n’ai jamais voulu exclure l’idée d’un retour du payant contre l’avis de pas mal de monde.
    Quand au commentaire qui parlait de Wikio, sachez que la plupart des sites de presse dispose de tous les modèles économiques que vous décrivez (Passons sur le fait que Wikio dépend à 90% de Google mais c’est une autre histoire). Désolé donc pas d’innovation publicitaire à l’horizon

  28. Pingback: Rétrospective 2008 : l’année web « internet et opinion(s) - web 2.0, communication, relations publiques, influence, médias, blogs, etc.

  29. Un des problèmes du payant c’est de trouver le juste prix. Le consommateur veut multiplier les expériences de consommation et la concurrence non pas à l’intérieur d’un système pour pouvoir se positionner définitivement en tant que client mais à tout moment, en consommant tout. Le brider dans sa consommation, voir le décevoir (ben oui, si les contenus étaient indiscutables on n’en discuterait pas) n’est pas forcément le meilleur calcul.

    De plus il faudrait payer quoi ? L’accès à l’information ? Mais si elle est nulle on a l’impression de se faire avoir. Et c’est désagréable d’avoir l’impression, même erronée, de se faire avoir. Le consommateur n’est plus un client mais un usager, c’est la société de consommation qui l’a fabriqué comme ça, c’était pas obligatoire et il y a même quelques mouvements politiques, écartés d’un revers de main, qui ont lutté contre ce phénomène.
    Payer la consommation générale et pondérer les revenus sur des mesures de satisfaction ? Je ne suis pas sûr que la meilleur information soit forcément la plus flatteuse pour le lecteur. Il arrive qu’on se souvienne de choses qui nous ont déplues jusqu’à les assimiler. La citation serait donc un outil plus efficace. Mais ça ne suffit pas vraiment non plus parce que ce qui semble être une création originale est souvent le fruit de mises en relation complexe d’informations précédemment intégrées, parfois de manière inconsciente. Peut-être mesurer la transformation de l’information, en action mais pas seulement… c’est compliqué.

    Il faudrait réussir à découper toute information en unité culturelle et en mesurer la diffusion. Ensuite il faut y trouver une valeur (quand on y regarde de plus près une bonne information, même la plus irrationnelle, trouve toujours sa propre valeur, les religions y arrivent très bien en tous cas). Evidemment le lien à la production est ce qu’il y a de plus connu, mais peut-être que, si jamais une crise écologique était effectivement plus dangereuse qu’une simple crisette économique, nous pourrions trouver là aussi d’autres systèmes en considérant le mérite comme une information elle aussi diffusable. A priori ça n’empêcherait pas une économie.

  30. Échanges très intéressants, merci à tous les intervenants.

    J’ai toujours cru au modèle du contenu payant sur Internet.
    Sans doute parce que j’ai débuté dans le online avec le Minitel à la fin des années 80, à l’époque où les fondateurs d’Iliad/Free, Meetic, Violet, Aquarelle, Jet Multimédia et d’autres que j’ai cotôyés faisaient du « Minitel rose » comme on appelait alors des services qui sont l’exact équivalent de Meetic aujourd’hui.

    Mais pour que le payant sur Internet fonctionne il faudrait maintenant être capable de gérer des nano-paiements, qui seraient agrégés continûment et de façon très simple au fil du parcours de l’Internaute qui ne paierait plus quelques euros pour un abonnement mensuel ou une édition online d’un journal mais quelques millimes d’euros pour chaque article… je vais creuser le concept 🙂

  31. Pingback: LSDI : Google? “La causa di tutti i mali” per gli editori francesi

  32. La grande leçon de Google, c’est qu’avant de chercher à faire des affaires, il faut chercher à donner du contenu.
    Sur le web, il faud d’abord penser liberté et gratuité, et ensuite, si le succès est là, avec un peu de savoir faire, on peut faire de l’argent. step by step…

  33. Bah oui, je me suis qu’une bande de gars qui cherche un miracle, le truc magique qui fonctionne sans se sortir les clés USB du port, ça méritait bien une gentillesse.
    En tout cas vos échanges sont très instructifs. Ils méritent une diffusion moins confidentielle.
    Joyeux Noël

  34. Pingback: Crise de la presse : de la vanité du débat victimaire aux subsides scandaleuses

  35. C’est ce genre d’un guide utile et extrêmement bien préparés. À peu près tous pris en charge et unique stratégie est immédiate à la scène. Correctement aménagé. Je vous remercie de prendre le temps de vous partager ce téléspectateurs.

Laisser un commentaire