Bilan du Web 2.0 au New York Times

Semaine faste pour le magazine Business 2.0, c’est aujourd’hui un article consacré au bilan économique (et d’audience) du NYTimes.com  qui a retenu mon attention. L’auteur a rencontré Martin Nisenholtz, Vice président en charge des activités numériques du groupe depuis un an et demi. L’occasion de dresser la liste des innovations technologiques qui ont vraiment connu un succès et celles qui ont fait flop, tout en gardant un oeil sur les courbes de progression des abonnements. Le genre de situation pour laquelle je me sens très concerné, allez savoir pourquoi…

Le NYtimes.com comme beaucoup d’autres quotidiens a adopté de nombreux dispositifs et innovations qui ne méritent peut être pas l’appellation Web 2.0 mais en ont le parfum. Une grosse partie de ses revenus en ligne proviennent du site About.com. Par ordre décroissant d’efficacité (selon Nisenholtz) on trouve les flux RSS, les liens « articles les plus envoyés », « les plus blogués » , « les plus recherchés ». Les blogs, innovation récente, semblent donner satisfaction sans pour autant peser encore sur l’évolution du trafic. L’usage des tags ou des nuages de tags est en revanche un four complet ce qui ne m’étonne pas du tout. Les nuages de tags sont une des marques des sites Web 2.0 mais sont aussi avant tout une friandise pour geek totalement incompréhensibles pour le commun des mortels. Et pour cause, à l’origine c’est surtout une forme d’optimisation des liens de navigation à destination de Google et des objectifs de référencement, pas vraiment ergonomique pour l’internaute moyen.

Tout ça peut paraître bien gentillet pour les habitués du Web 2.0 mais ces petites innovations représentent souvent de petites révolutions pour les rédactions des grands quotidiens. Des quotidiens dont l’audience souvent très mature et peu portée sur les technologies doivent avant tout être séduite par des fonctionnalités simples et utiles plutôt que tape à l’oeil. C’est souvent une bonne leçon de modestie et un vrai test pour mesurer le véritable degré d’adoption des technologies par le grand public. A ce propos je lis avec intérêt les propos sur les flux RSS, certes performants, mais toujours utilisés par une minorité de lecteurs. Difficile, en effet, d’en expliquer l’usage à un public non-averti. Il faut à mon avis limiter au maximum la manipulation des flux eux-mêmes et privilégier l’intégration en un clic dans les lecteurs d’emails et les pages personnalisées à la MyYahoo! ou Netvibes à mon avis. Un point qui m’occupe tout particulièrement en ce moment d’ailleurs.

Intéressant de voir que le NYtimes.com a vu augmenter ses abonnés en ligne (plus de 500 000) en partie grâce au programme Time Select donnant accès à des zones réservés. J’ai lu quelque part que ce programme avait tout de même bénéficié du transfert forcé d’une bonne part des abonnés aux anciennes formules… Au total 190 000 sont abonnés à la seule édition en ligne pour un chiffre d’affaire de 9,5 M$ par an.

J’ai eu l’occasion de converser il y a quelques mois avec Martin Nisenholtz de passage à Paris. Je l’avais interrogé sur la relative modestie du dispositif « web 2.0 » malgré certains communiqués de presse triomphants du quotidien et surtout sur l’absence de passerelles entre About.com et le site NYTimes.com. Il avait reconnu que la réalité était souvent laborieuse, en particulier quand il faut convaincre une organisation de plusieurs centaines de journalistes et des années d’habitudes et de reflexes acquis en matière de publication. Certains pourront le regretter mais c’est souvent le prix pour réformer une institution tout en préservant sa vraie valeur: sa crédibilité, sa légitimité, sa marque…

Lire l’article de Business 2.0 « The New York Times’ digital makeover« 

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