Knight Ridder: histoire de la chute d’un des plus grands groupes de presse mondiaux

Nous autres, groupes de presse, nous savons maintenant que nous sommes mortels. Pour paraphraser Paul Valery c’est un peu ce que l’on ressent à l’heure ou un article de The Economist sur la mort des journaux d’information suscite ça et (et encore ici et encore ) de ténébreux commentaires. Cet article n’apporte pourtant rien de bien neuf au débat. Plus spectaculaire il faut lire ce très long article du New York Times qui analyse la chute du groupe de presse américain Knight Ridder.

Avec ses 18 000 employés, des 32 quotidiens et ses 3,7 millions de lecteurs payants (pas des visiteurs uniques…) ce groupe a créé un véritable séisme en annoncant sa vente probable en novembre 2005  puis effective en juin dernier pour 4,5 miliards de dollars. L’article analyse longuement la chute de l’empire et son dépeçage par son nouveau propriétaire McClatchy Company.

Le récit est passionnant en particulier parce qu’on y parle peu d’internet si ce n’est comme le petit grain de sable qui a grippé la machine. Mais on retient que c’est avant tout une impasse financière qui a eu raison du groupe: en premier lieu l’incapacité d’obtenir de ses actionnaires trop nombreux la décision de financer une indispensable et effroyablement couteuse réorganisation. Un investissement qui aurait mis à mal les confortables marges bénéficiaires exigées par les marchés financiers. Le renoncement aussi de son patron Anthony Ridder, coupable de n’avoir pas voulu imposer la réorganisation. L’article est particulièrement brutal envers lui.

Un article qui montre le dilemne des groupes de presse qui ne peuvent tout simplement pas renoncer aux marges d’un business en déclin pour financer la nécessaire transition. Une transition qui peut durer de longues années. Jamais, à la lecture de cet article, on ne ressent plus intensément cet évidence que la presse est une industrie qui souffre du mal de toutes les autres industries. Ni plus ni moins. Une industrie qui doit se recomposer.

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