MediaPart: Edwy Plenel expose son projet de site d’information

MAJ 3/12/07: le site Mediapart.fr est ouvert, retrouvez-y la profession de foi des fondateurs… et le formulaire d’adhésion. Mes commentaires ici.

Edwy Plenel, à l’occasion d’un chat sur le site du Nouvelobs.com, nous donne quelques détails sur son projet de site d’information, nom de code MediaPart.
Ce qu’il faut retenir:

 – Le site sera payant, sans publicité et la participation soumise à l’adhésion préalable

« Notre modèle économique, ce sera l´abonnement payant. Et il n´y aura pas de publicité. Donc le succès de ce journal en ligne dépendra de vous : de votre adhésion par l´abonnement. Ce ne sera pas cher : moins qu´une place de cinéma pour un mois et encore moins cher pour les moins de 25 ans et les chômeurs. Mais cela ne veut pas dire que le site sera « entièrement » payant : il y aura une partie en accès libre et gratuit. Mais pour aller plus loin, participer à la communauté, contribuer dans le club, profiter d´informations enrichies et appronfondies, etc., il faudra payer. C´est la clé de l´indépendance et de la qualité. »

Une équipe d’une quarantaine de personnes et l’appui d’une agence spécialisée en contenus interactifs

« Au total, nous serons une quarantaine, toutes compétences comprises. Côté journalistes, l´équipe est en cours de constitution autour de François Bonnet, qui fut longtemps au « Monde », après avoir été à « Libération » et qui vient de quitter « Marianne » pour rejoindre notre projet. »

– Un capital majoritairement controlé par les fondateurs

« En ayant une indépendance économique véritable : dans notre projet, les fondateurs ont épargné ou se sont endettés, de façon à être majoritaires dans le capital. Et puis l´équipe aura en plus des droits moraux reconnus, précisés dans une charte éditoriale. »

– Le contenu s’organise autour de trois piliers: info généraliste, revue de web, débat et contributions

« Notre site aura trois piliers, rapidement résumé : « le meilleur de l´info » (des articles inédits, originaux, exclusifs, très sélectifs), « le meilleur du web » (on va trier pour vous, sélectionner, éditer, hiérarchiser), et « le meilleur du débat » (là, ce sera votre affaire : le participatif, les contributions, la communauté, le club). »

– Un objectif de rentabilité sur trois ans
– Les référants:
Salon, Slate, Politico, Ohmynews, Rue89 (sauf pour le modèle économique)

« En ce sens, nos références seraient plutôt du côté de sites comme les Américains « salon », « slate », « politico », ou comme le Coréen « ohmynews ». « 

La principale question tourne bien entendu autour du modèle économique basé sur le payant. Un choix courageux, cohérent, avec le projet et le discours de Plenel depuis son départ du Monde. Toutefois pour soutenir une équipe de 40 personnes c’est pour le moins ambitieux sur ce terrain très concurrentiel de l’info généraliste. Je parie sans risque pour un modèle mixte avant le terme des trois ans.

22 réflexions sur “MediaPart: Edwy Plenel expose son projet de site d’information

  1. Ha, trop fort. J’attendais justement des commentaires ici sur le projet en question. Le modèle payant me laisse aussi songeur. Il me parait plus crédible dans le cas d’un Daniel Schneiderman, qui a une équipe plus limitée me semble-t-il, et qui peut plus facilement rassembler sur son nom.
    J’aimerais bien savoir également si le côté contributif sera limité d’une façon ou d’une autre aux adhérents, car il y a des écueils possibles sur ce terrain, dans un sens comme dans l’autre.

    Le projet semble un peu fou car la barre est mise très haute d’emblée, alors qu’il y a déjà des acteurs sur ce terrain. Je pense qu’il sera difficile de justifier le tarif annoncé avec du web uniquement.

  2. Pingback: Samsa news » Blog Archive » Edwy Plenel présente Mediapart, son site d’info (et il est bavard)

  3. Là où Daniel Schneidermann a ses chances, c’est qu’il avait réussi à fédérer un noyau dur de téléspectateurs / lecteurs autour de Arrêt sur Image. Donc, a priori, il a une « base de lecteurs » qui sont prêt à payer un abonnement raisonnable en échange d’un contenu exclusif. Avec une équipe de 10 personnes (soit un budget aux alentours de 500k€ à 600k€ annuels), il peut arriver à tourner, grâce aux abonnements.

    En revanche, je plus sceptique sur les clés du succès du projet de Plenel. Certes il a un carnet d’adresse, mais je pense qu’il n’a pas développé de relation « privilégiée » avec son lectorat futur. En plus, sur le segment de la presse généraliste, il est difficile de faire valoir une « valeur ajoutée ». D’où mon scepticisme sur ce type de modèle. Après, il est encore beaucoup trop tôt pour juger de la qualité éditoriale du produit, et de son positionnement, notamment par rapport à la concurrence de Rue89 qui occupe de mieux en mieux le terrain.

    Et puis, 40 salariés… wao, c’est beaucoup de cash à mettre sur la table!

    Alexnadre
    http://www.cafebabel.com

    jlkj

  4. 1- Entreprendre c’est toujours courageux. Bravo.

    2- Mais le modèle payant sur le web ne fonctionne qu’avec des petites structures et des niches ultra pointues. 40 c’est énorme. Les news ce n’est pas une niche.

    3- Il va falloir faire quelque chose de sacrément différent pour que la perception du public soit telle qu’il paye un service de news/infos aujourd’hui gratuit et de qualité un peu partout sur la toile. On oublie souvent que l’on se bat sur le terrain de la perception.

    4- Donc passage au gratuit dans les mois qui suivent le lancement… sans doute (ou fermeture), sauf s’il y a de généreux donateurs ce qui est une autre façon d’envisager le site.

  5. Je me suis amusé à faire un petit calcul rapide. 40 personnes + frais = environ 3 millions d’euros/an en étant conservateur. Admettons que l’on soit à 8 euros/mois ça nous fait environ 31 250 abonnés pour amortir. Mais il faut ajouter aux coûts de fonctionnement et de structure le coût d’acquisition d’un abonné. Je dirais 20 euros mini. On se rend compte alors du challenge.

  6. Pingback: Alter Nativa » links for 2007-11-17

  7. On est d’accord. Seul, d’une façon et d’une autre c’est quasi impossible. Sauf si on a un joyeux donateur. Il y a pourtant un modèle qui peut marcher… mais la presse et les gens de presse ne me semble pas ready.

  8. Pingback: Mediapart: l’adhésion comme carburant « ecosphere

  9. Les gens qui ont pris cette initiative ne remettent pas en cause le modèle journalistique auquel ils ont toujours adhéré : l’idée qu’il y aurait d’un côté le savoir, et de l’autre, le non-savoir. La question de l’échange entre ceux qui « sauraient » et ceux qui « ne sauraient » pas est à peine abordée, de manière totalement superficielle.

    Ces journalistes « rebelles » se sont soumis à toutes les dérives qu’ils dénoncent aujourd’hui : ils « découvrent » in extremis ce que les lecteurs savent depuis longtemps.

    Ce sont eux qui propulsent depuis des années une poignée de prétendus philosophes et de prétendus experts, qu’ils ont transformé en vedettes, pour fidéliser les lecteurs. Ils ont toujours accepté le système du cumul. Tel journaliste, tel philosophe est devenu omniprésent grâce à eux, et uniquement grâce à eux.

    Ces journalistes ont pratiqué une censure systématique sur les articles produits par leurs confrères étrangers.

    C’est Internet qui a permis aux lecteurs (multilingues) de comprendre qu’une information tenue pour certaine ou importante en France est ignorée ou contredite par les journalistes d’un autre pays.

    Le groupe de Mediapart critique la mainmise des puissances financières sur les journaux mais pour ce qui est de la critique de toutes ces habitudes, attitudes et vision du monde de leur propre milieu, qui ne datent pas d’aujourd’hui, et de la formation donnée dans les écoles de journalisme, vous pouvez repasser.

    Je ne donnerai pas un centime à Mediapart. Ces gens réagissent beaucoup trop tardivement pour être le moindrement crédibles et ils ne se remettent pas un seul instant en question eux-mêmes.

    Leur tentative me paraît être une réaction liée à une volonté de récupération dans un but strictement corporatiste et autopromotionnel.

  10. @Bill: vos propos sont sévères, probablement pas illégitimes mais je pense un peu injuste. La question qui se pose à nous tous c’est comment créer ou recréer sur internet les conditions industrielles d’une production fiable d’information. Ne vous y trompez pas, sur ce point nous auront encore besoin de méthodes professionnelles donc de journalistes (comprenez qu’on peut aussi le devenir…).

    On peut être déçu par certains médias mais pensez à un Guillaume Dasquié ou à un Denis Robert, et voyons dans quel type de structure leurs enquêtes pourraient être payées, leurs droits défendus…

  11. Ca m’intéresse si c’est vraiment différent, percutant, critique. Si le sujet tabou du Proche-Orient est bien traité, par exemple. Si vous démontez comment fonctionne l’info. Si on nous explique les dessous des relations France-USA, par exemple aussi. Bref si votre info va au-delà de l’info.

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  13. WEBPART est le support qui semble idéal à l’adaptation culturelle pour le 21éme siécle. Il concerne le domaine très important: l’économie liée au social que je peux mettre à la portée des responsables dont une partie l’enseignera aux exécutants. Cela ressemble à l’oeuf de Christophe Collomb. Je l’appelle PPP (POURQUOI PENSER POURQUOI)qui seul permet de faciliter et d’accélérer le renouveau.

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