NYTimes: le web loin de compenser la baisse du papier

Vu sur Publishing 2.0 où les comptes du New York Times sont disséqués par Scott Karp. Son obsession habituelle consiste à prouver que la création de valeur sur le web ne compense pas l’effondrement progressif de l’économie traditionnelle de la presse. Et il y arrive. Démonstration avec le NYTimes qui  voit son chiffre d’affaire baisser de 5,8% entre mai 2006 et mai 2007. Derrière ce chiffre une baisse du CA du papier de 14,4% (19M$) et une hausse du CA du web de 21,4% (2,7M$).

Au total sur le premier trimestre 2007 l’ensemble des revenus du web pèsent 10,5% (51M$) du total (483M$). A noter que 10% du CA est un objectif que se fixent actuellement beaucoup de sites web éditoriaux. Le problème c’est qu’on y arrive plus facilement par la baisse des revenus de l’activité principal que la hausse des revenus du Web. Ce dernier ne compensant pas. De quoi nourrir l’idée qu’en fait de destruction créatrice nous assistons bel et bien à un mouvement de destruction. La thèse de Scott Karp.

Thèse que je ne partage pas même si les chiffres confirment depuis longtemps, sur le terrain des médias que le nombre d’emplois créés sur le web ne compensent pas non plus la contraction du marché du travail sur les supports traditionnels. Dans toute autre industrie on parlerait de cure d’amaigrissement ou de transition, les medias ont souvent du mal à concevoir leur propre restructuration et il est tentant de voir une impasse là où il faut surtout voir de nouveaux paradigmes.

Une autre chose m’intéresse dans les chiffres du NYTimes : le site About.com représente près de 30% des revenus du Web (23M$ sur 74M$ sur Q1 2007). About.com un site communautaire racheté 410 M$ début 2005. About.com un site essentiellement optimisé pour Google et les revenus à la performance des mots clés. About.com avec ses rédacteurs spécialisés payés à la performance, qui gèrent seuls, leur rubrique et leur communauté de lecteurs. About.com à des centaines de kilomètres de l’univers éditorial du NYTimes. A des centaines de kilomètres des coûts d’exploitation du NYTimes, sans aucun doute.

J’y songe alors que Le Monde prépare son propre site communautaire. Agoravox ou About.com?

14 réflexions sur “NYTimes: le web loin de compenser la baisse du papier

  1. Pingback: Denis au fil du web » links for 2007-06-16

  2. JM je vous ai répondu. Mon propos n’était pourtant pas pessimiste, plutot interrogatif. Concernant les chiffres de diffusion que vous citez ils sont helas en trompe l’oeil. Seuls les revenus comptent, je le crains

  3. Intéressant, le site web d’un journal ne compense pas les pertes de la version papier. Normal vu que les parts de marchés sur site web dans l’ecosystème web sont plus faibles. Les micro publishers se taillent également une part du marché.

  4. […] Bizarre ce concept de vases communicants entre le business du papier et du Web. Le sujet revient souvent, maintenant avec le New York Times. Mais pourquoi le Web devrait-il compenser […]

  5. Le problème est qu’il ne faut pas comparer des torchons avec des serviettes. Et c’est ce qu’il fait. Il faut que les gens, quand on parle d’Internet, arrête de comparer les CA, mais regardent les marges. Car comment comparer des CA quand on sait que les marges opérationnelles sur la presse quotidienne est de 12-15% max pour les groupes les plus performants (plutôt 3-5% en général), alors qu’elles peuvent atteindre (voire dépasser) les 50% sur Internet?

  6. Pour le moment je n’ai pas vu beaucoup de situations avec des marges de 50% sur internet, en tout cas en matière de presse en ligne.
    Bonne chance en tout cas Christophe, si c’est l’objectif que tu te donnes chez Mandadori ! 😉

  7. Des marges entre 40 et 50% sont assez fréquentes, je t’assure. Je parle de business établis, pas de lancement. Il faut un paquet d’années pour y arriver. Au Féminin en est un exemple (je crois qu’ils tournent autour de 45%, non?), mais ce n’est pas le seul.

  8. Christophe, Julien…
    Au Féminin atteint en effet une marge de 50% mais n’est pas un site de presse. (Et en grattant ses comptes, la part du serveur de pub pèse pas mal dans la marge nette). La difficulté des sites issus de la presse papier réside bien dans la capacité finale à payer les charges de l’entreprise dans sa globalité avec les marges du site et de la version papier. La production de contenus par des professionnels qualifiés coûte autrement plus cher que l’appel aux bénévoles… Le problème est donc pour la presse de retrouver des revenus lui permettant de couvrir ses coûts de production… et ce n’est pas avec des CPM de misère qu’elle y arrivera…

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