Newsvine.com, un des premiers sites dits de « journalisme collaboratif » était un de mes coups de coeur du début de l’année 2006, il vient de rejoindre la galaxie MSNBC sans que le montant de la transaction ne soit révélé. Techcrunch rappelle que le site avait levé 1,5M$, une somme relativement modeste mais qui témoignait de l’intérêt de sa démarche.
Sur le blog de Newsvine un message annonce le rachat et nous apprend que le site attire 1M de visiteurs uniques mensuels après deux ans d’existence. Malgré mon attachement à Newsvine je suis surpris de ce chiffre qui me semble assez faible et qui témoigne d’une certaine difficulté à s’imposer sur le marché particulièrement encombré des sites d’information. J’apprécie la mise en page soignée de Newsvine ainsi que la panoplie de ses fonctionnalités permettant en particulier de créer sa page personnelle, rédiger des articles et les noter. La maquette à mon avis fait toute la différence avec les agrégateurs comme Wikio qui disposent des mêmes fonctionnalités mais font le choix d’un environnement plus basique à la Digg.com.
Newsvine ressemble a un media traditionnel, ce qui fait paradoxalement son originalité au pays du Web 2.0 toutefois, pour être franc, j’ai toujours trouvé qu’il n’avait jamais réussi à faire la démonstration de la pertinence de l’apport de sa communauté d’utilisateurs. Les dépêches de l’agence AP (dont Newsvine est client) ont toujours largement dominé la production et j’ai constaté plusieurs fois que les contributions des lecteurs n’étaient que des reproductions d’articles empruntés ailleurs. Bref je ne suis pas sûr que Newsvine ait totalement prouvé la justesse du concept de départ. Il manquait peut-être justement un partenaire à la MSNBC pour donner un indispensable coup de fouet promotionnel.
Ce qui m’amène à un doute chaque jour un peu plus présent: les sites basés sur le nouveau journalisme collaboratif n’ont peut être pas vocation à devenir autonome mais plutôt à défricher le terrain, bâtir les fondations d’une communauté d’utilisateurs impliqués pour rejoindre au plus vite le giron d’un groupe plus solide. Un cycle qui pourrait difficilement s’accomplir au delà de deux ans d’existence. Un point que l’on vérifiera très vite.
ecosphere 
Emmanuel, pour continuer sur ta conclusion, que penses tu du principe « d’un cycle de vie dans la gestion d’une communauté » en général ?
D’aprés ma courte expérience, la durée de vie moyenne est entre 2 et 3 ans (max) ? le temps que les passionnés se regroupent, qu’ils se fassent connaître juste avant que les trolls, par le biais du bouche à oreille, ne débarquent et/ou que la lassitude de lecture/consultation ne fasse le reste…
a++
céd
Mon expérience en la matière est assez limitée mais j’ai trouvé des études intéressantes sur le cycle de vie de certains jeux video en ligne de type monde persistant. L’étude porte sur l’évlution du nombre d’abonnés. La limite c’est qu’il s’agit aussi d’un cycle produit (donc limité par la commercialisation, ses mises à jour et l’obsolescence…).
Tu trouveras ça ici :
http://www.mmogchart.com/Analysis.html
Avec un beau tableau Excel:
http://www.mmogchart.com/Downloads.html
La remarque de Cédric sur la durée de vie d’une communauté formée sur le web me semble très intéressante. Mais il y a peu de recul pour le moment. On ne sait donc pas très bien comment une communauté évolue.
Les exemples que j’ai pu fréquenter (surtout sur des forums, et sur quelques sites participatifs) me laissent penser qu’une communauté a toujours tendance, au bout d’un certain temps, à se refermer sur elle-même, à ne plus se renouveler, être réticente à l’arrivée de nouveaux membres qui ne sont pas initiés aux codes et aux usages que la communauté a mis en place au fil du temps.
La communauté continue alors à fonctionner un certain temps, mais en circuit fermé, comme un club.
Ensuite, à la fois par lassitude de certains, par divisions internes et processus d’exclusion inhérents à tous les groupes fermés, la communauté amorce alors son déclin.
J’ai l’impression, par exemple, qu’un phénomène de genre est à l’oeuvre actuellement sur Agoravox… où je vois déjà des symptômes de fermeture de la communauté autour de groupes formés qui ont tendance à exclure de nouveaux arrivants et ramener le dialogue ouvert toujours vers les mêmes thèmes.
On peut selon ce schéma se poser de sérieuses questions sur la viabilité à long terme des sites qui sont essentiellement basés sur la construction de communautés de ce genre, c’est à dire des communautés par affinités (Rue89, @si, lepost, etc.).
On peut s’interroger accessoirement sur la valeur « monétisable » réelle de telles communautés, quand le propriétaire du site entreprend de la revendre avec sa marque, comme dans le cas de Newsvine…
L’infrastructure que proposent des sites comme facebook ou flickr, en permettant la création de sous-groupes multiples et mouvants à l’intérieur de l’ensemble des adhérents (l’ensemble des adhérents n’étant pas présenté lui-même comme une communauté partageant des affinités, mais réunies autour d’un service), répond peut-être à ce problème. Car l’existence du site prend en compte ce caractère cyclique de chacune des communautés, et l’entrée en phase de déclin de l’une d’entre elles ne remet pas en cause l’adhésion des membres, puisque d’autres groupes se forment à la place.
Merci Emmanuel pour le lien vers le doc sur les MMOG.
Narvic, je partage tes remarques sauf , peut-être, sur la question du « recul » :
Si tu parles avec des personnes ayant connu les forums de type BBS, Babillard, Fidonet, Calvacom etc… je pense que l’on a maintenant assez d’expériences depuis 15 ans dans la gestion de communautés électronique.
Les interfaces changent mais il me semble que les « habitudes sociales » restent.
Le web 2 est une nouvelle étape dans la gestion des communautés et ça va vite. (trop vite?). On est passé de MySpace à Facebook en moins de deux ans.
Qu’est-ce qu’il y aura dans deux ans pour gérer nos communautés ? Quel sera la prochaine étape du « cycle de vie » (dont parle emmanuel pour les jeux en ligne) pour nos communautés ?
A++
Cédric