Quand My Space.com cherche encore le pétrole

Vu chez Freddy, qui en profite pour servir une analyse éclair des problèmes de monétisation du Web 2.0, cet indispensable article du New York Times consacré à MYSpace.com et intitulé “For MySpace, Making Friends Was Easy. Big Profit Is Tougher“. On y découvre les limites des promesses d’AdSense et la difficulté de commercialiser par la pub un environnement communautaire et des contenus particulièrement hétérogènes. Une leçon déjà apprise avec Multimania il y a quelques années mais qu’il est bon de retrouver exposée (lire aussi un bon résumé du problème par mon camarade Joël). Je retiens en particulier que toute l’attention des gestionnaires de MySpace.com est concentrée sur les questions de profiling des utilisateurs. C’est cette forme de datamining qui est probablement la vraie mine d’or des sites communautaire et je suis persuadé que son aboutissement logique est dans le marketing direct ou la capacité de d’adresser très spécifiquement les besoins et les centres d’intérêt des internautes. C’est aussi une des solutions pour sortir du piège d’un CPM bradé.

Freddy Mini explique d’ailleurs sur ce point que le CPM moyen sur MYSpace.com est de 0,1 $ soit 20 fois inférieur à celui des grands portails! Ajoutons qu’il est aussi 100 à 300 fois inférieur à celui des sites médias pour ceux qui penseraient que le match se joue dans les mêmes catégories. Conséquence évidente: il faut toujours plus de pages vues pour maintenir le niveau de revenus, une spirale infernale dont on commence à comprendre les limites. Les annonceurs en particuliers, et les agences de pub, commencent logiquement à exiger de la cohérence et de la qualité. Le buzz et l’innovation en matière de communauté ne suffisent plus.

Au passage j’en profite pour regretter de ne jamais trouver ce type d’article très détaillé et critique dans la presse française qu’elle soit généraliste ou spécialisée. Chez nous il faut se contenter des entretiens complaisants façon people des entrepreneurs du Web preuve que la leçon de la Netéconomie de 2001 n’a pas été retenue. J’enrageais en particulier la semaine dernière en lisant sur certaines pages Médias que la baisse de l’audience de certaines radios s’expliquait en partie par les podcasts… La bétise crasse et l’absolue méconnaissance des données de l’économie numérique de nos journalistes est décidemment un problème grave qui leur fait gober toutes les énormités et empêche les professionnels du secteur de disposer d’analyses et de données fiables. Je ferme la parenthèse, provisoirement…

MISE A JOUR : lire un billet très intéressant sur MYSpace.com suite à l’article du NYTimes. Intitullé « What If Media 2.0 Is Less Profitable Than Media 1.0 ?  » et publié sur l’excellent et très critique Publishing 2.0.  

Voir aussi l’interview de Rupert Murdoch
L’accord de Google avec Fox Interactive (dont MySpace.com)
Les résultats financiers de News Corp

6 réflexions sur “Quand My Space.com cherche encore le pétrole

  1. Bonjour!

    Je vous considère un peu comme un voisin WordPress, un nouveau, car je me prépare moi aussi à apparaître – ou paraître simplement – dans la blogosphère.

    Après avoir habité pendant près d’un an MSN Spaces, je suis sensible aux problèmes de monétisation du Web – acceptant ce néologisme sans grand enthousiasme cependant – pas votre mot, mais la nécessité de monayer les nouveaux billets – ceux que nous publions sur nos blogues.

    Car le Web peut aussi être une plateforme documentaire où se partagent des intérêts communs.

    J’ai élu domicile sur WordPress, étant donné que cet espace permet de publier son journal sans vouloir faire de revenus.

    Et ce jour où on m’imposera de la publicité, je préférerai payer quelques dollars par mois et faire héberger mon blogue chez un fournnisseur d’espace uniquement, en continuant d’utiliser ce merveilleux outil de publication. Pas tellement cher pour se publier librement, quoi!

    J’ai eu l’occasion de visiter des bloques où le seul réél sujet de conversation est la sollicitation de visites pour faire monter le compteur! Cherchez thème, contenu, controverse, discussion où des gens se lient d’amitié pour des intérêts communs… niet! Pécuniairement rêveurs!

    À ce titre, le Web risque de devenir une vaste poubelle virtuelle, un vaste espace publicitaire où tout propos intelligent – ou orienté vers l’approfondissement des connaissances sur certains thèmes de recherche spécifiques – un vaste espace, oui, trop vaste, dans lequel l’intelligence humaine se trouvera dénudée de passion et de plaisir de connaissance! Diluée totalement…

    Une vaste poubelle désincarnée, de manière similaire au monde des Thanatonautes, de Bernard Werber, où les «presque mourants», étant en ascension dans un ciel parsemé de panneaux publicitaires de chaque côté de la voie pavée, avaient peine à rejoindre leur grand ami Saint-Pierre.

    Mais point besoin d’attendre dans l’au-delà pour cela : nous y sommes déjà : c’est la blogosphère, une version bien amenuisée de la noosphère imaginée par Pierre Teilhard de Chardin!

    Tiens, voilà, je ne pensais pas avoir une pensée éditoriale en débutant ce commentaire. Mais quel plaisir! Et de voir un blogue écrit d’un français impeccable.

    Il y a de quoi y revenir.

    Votre nouveau voisin WordPressien! Espérant ne pas trop brasser la cage, comme on dit dans mon pays!

  2. Bonne chance pour votre blog. Vous avez bien cerné un des aspects futiles de la blogosphère mais l’important est de ne pas en tenir compte. Travaillez à votre rythme, partagez vos connaissances, participez sans excès aux débats, argumentez et vous verrez que le positif l’emportera.

  3. Je vous remercie!

    Cette réponse spontanée à votre billet a été un acte de rédaction quasi bienfaisant et thérapeutique!

    Je ne veux pas m’étendre trop sur le sujet de blogosphère, étant donné mes autres intérêts, et il m’a fait plaisir de participer à votre blogue.

    La tentation serait forte de me réapproprier de texte dans un futur billet, mais dans un esprit de partage et de spontanéité, je vous l’offre donc!

  4. Bonjour, comme je relis une fois de plus votre billet sur MySpace.com, permettez-moi de vous offrir un bijou de citation.

    Ce texte fondamental éclaire vivement notre compréhension des motivations sous-jacentes à la constitution de cette vaste bibliothèque blogosphérique – permettez moi ce néologisme – que nous rédigeons ensemble :

    « […] pour séduire le lecteur, le texte se fait chatoyant en recourant à des couleurs, des icônes, des images, la lecture tend à être déportée vers l’ordre du spectacle.

    C’est d’ailleurs à un spectacle que nous convient nombre de sites, dont certains présentent à leur entrée des séquences d’animation fort élaborées tandis que d’autres vont jusqu’à faire défiler les pages en mode automatique.

    Or le spectacle moderne relève par excellence de la consommation, ainsi que l’avait pressenti Guy Debord: “Le spectacle est le moment où la marchandise est parvenue à l’occupation totale de la vie sociale” [1]. Après avoir été pour notre civilisation l’incarnation du “ logos ” et sa raison suprême, le texte est devenu un enjeu idéologique majeur de la société néolibérale, qui est d’assurer le recouvrement complet du culturel par le commercial».

    Pour une bibliothèque virtuelle universelle
    Christian Vandendorpe
    Université d’Otta

    http://www.uottawa.ca/academic/arts/lettres/vanden/biblio_uni.html


    [1] La société du spectacle, Paris, Champ Libre, 1971. Voir http://www.multimania.com/laplage/d_spec/

    Il serait prétentieux d’ajouter un seul mot à ceci. Tout est dit!

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